
«Lorsque vous approchez de la retraite, vous avez besoin de moins d’argent qu’en début de carrière, par exemple lorsque vous avez une famille à charge, estime le conseiller national argovien. Le salaire peut donc aussi diminuer un peu.» Philipp Müller estime que la lutte contre le chômage des seniors ne peut se faire sans un changement de mentalité, autant du côté des travailleurs que de celui des employeurs.
«Un affront»
Pour le président du PLR, les syndicats ne devraient pas forcément rejeter son idée. Selon lui, eux aussi sont en mesure de comprendre qu’un salaire inférieur est préférable au chômage.
Le secrétaire central de l’Union syndicale suisse (USS), Jean Christophe Schwaab, est cependant loin d’adhérer à ce raisonnement. «Si les baisses salariales permettaient de lutter contre le chômage, cela se saurait, réplique sèchement le conseiller national vaudois (PS). Là, cela entraînerait juste une baisse du pouvoir d’achat. C’est un affront – je ne vois pas d’autre mot – à tous ces seniors qui ont toute une vie de travail derrière eux. On se demande quelle mouche a piqué Philipp Müller. C’est inimaginable.»
Jean Christophe Schwaab plaide pour un système de retraite anticipée avec une réduction progressive du temps de travail, ce que prévoit justement la réforme mise en chantier par Alain Berset. «Cela permettrait non seulement de préserver la santé des seniors, mais aussi de lutter contre le chômage des jeunes, argumente le socialiste. Les entreprises se plaignent sans cesse de manquer de main-d’œuvre qualifiée. Mais elles en ont!»
Le directeur de l’Union patronale suisse Thomas Daum adhère à cette vision mais en tire des conclusions qui vont dans le sens de Philipp Müller. «Les entreprises doivent offrir davantage de possibilité de flexibiliser le temps de travail. Et cela pourrait faire baisser les salaires des seniors», estime Thomas Daum. Tout comme le président du PLR, le Zurichois insiste sur la nécessité de changer les mentalités. «Aujourd’hui, les gens s’attachent encore à l’idée que plus un travailleur est âgé, plus son salaire est élevé. Cela ne doit plus être le cas.»
Seniors très touchés
Selon une étude menée en 2012 par l’Université de Lausanne, l’âge est un facteur bien plus pénalisant que le manque de formation ou le statut migratoire. Sur un échantillon de 750 personnes sans emplois, plus de 30% des salariés âgés de plus de 55 ans étaient toujours sans emploi deux ans après leur licenciement. Selon une autre étude menée par le cabinet international d’outplacement Lee Hecht Harrison, en 2012 les employés de plus de 50 ans représentaient près de 40% des licenciés alors qu’ils constituent moins du tiers des actifs occupés en Suisse. Ils sont aussi surreprésentés parmi les chômeurs de longue durée: 41,5% des personnes en recherche d’emploi depuis une année ont 50 ans et plus. (24 heures)
Créé: 01.07.2013, 10h22
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